La Jamaïque entend renforcer sa lutte contre le tabagisme
Constatant une forte croissance de maladies non transmissibles, le ministre de la Santé de la Jamaïque a annoncé vouloir donner un nouvel élan à la lutte antitabac. Il a souligné le caractère rentable de la lutte contre le tabagisme et souhaite davantage sensibiliser le public aux dangers du tabac. Il demande également d’éviter les interactions entre les instances publiques et les industriels du tabac.
C’est en marge de l’assemblée générale des Nations Unies que Tobacco Free Portfolios, une organisation visant à exclure l’industrie du tabac des placements financiers, a tenu le 19 septembre 2023 un événement intitulé « Il n’y a pas de place pour le tabac dans un monde Zéro émission nette ». Intervenant à cette occasion, Christopher Tufton, le ministre de la Santé jamaïcain, a dessiné les grands traits de la politique antitabac en Jamaïque[1].
Un lourd tribut aux maladies non transmissibles
Constatant que plus de 70 % des décès survenant en Jamaïque sont causés par des maladies non transmissibles, dont une grande part est imputable au tabac, Christopher Tufton a estimé que la lutte antitabac devrait être renforcée.
« Le retour sur investissement des interventions tabac sur une période de quinze ans montre que chaque dollar investi dans la lutte antitabac en Jamaïque se traduit par un retour de 5,37 dollars jamaïcains. Nous devons consolider ces gains. »[2], a déclaré Chistopher Tufton. Il a énoncé son intention de déployer le Tobacco Control Act de 2020 et de mettre la Jamaïque en conformité avec les exigences de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Il a salué la collaboration de son pays avec l’Organisation panaméricaine de la santé (PAHO) et avec le secrétariat de la CCLAT, remerciés pour l’aide apportée dans la mise en place des réglementations de santé internationale au sein du pays. Il a également souligné le soutien constant de la société civile dans cette démarche globale antitabac.
Restreindre au minimum les interactions de la Jamaïque avec l’industrie du tabac
Parmi les actions envisagées, Chistopher Tufton a notamment souhaité protéger les pouvoirs publics jamaïcains de toute interaction avec les industriels du tabac. Les échanges avec ces industriels, répertoriés et dénoncés par la Jamaica Coalition for Tobacco Control[3], devront ainsi se restreindre aux interactions strictement nécessaires pour assurer la réglementation des produits du tabac, conformément aux dispositions du traité de la CCLAT.
Le ministre de la Santé jamaïcain a par ailleurs souhaité que soient réalisées des analyses toxicologiques du contenu et des émissions des produits du tabac, afin de mieux en informer la population. Des actions d’information et de sensibilisation du grand public sur les produits du tabac et l’exposition à la fumée de tabac seront aussi déployées. En 2016, la Jamaïque comptait 11 % de fumeurs réguliers, dont 7 % de fumeurs quotidiens, ainsi que 13 % de fumeurs occasionnels[4]. Un peu plus des deux tiers des enfants de 13 à 17 ans sont fréquemment exposés à la fumée de tabac.
Une attention au coût environnemental de l’industrie du tabac
Christopher Tufton a enfin souligné le coût environnemental majeur de l’industrie du tabac, qu’il s’agisse de déforestation, de consommation d’eau, d’épuisement de terres arables ou d’émissions de CO2. Environ 500 fermiers jamaïcains produisent encore des feuilles de tabac.
Un thème également abordé par Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé français. Lors du même événement, celui-ci a pointé les conséquences environnementales des cigarettes électroniques et a rappelé que son gouvernement envisage d’interdire les cigarettes électroniques jetables (« puffs »). Parmi les autres intervenants français à l’événement de Tobacco Free Portfolios, on pouvait aussi trouver des représentants de BNP-Paribas, de la Société Générale et du Crédit Mutuel. Signataires du mouvement de désinvestissement financier de l’industrie du tabac initié par Tobacco Free Portfolios, ces trois banques ont réaffirmé leur rejet de l’industrie du tabac et leur engagement en faveur de la santé humaine et de l’environnement.
Source: Génération Sans Tabac