La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac célèbre ses 20 ans d’application

BY: Comité national contre le tabagisme

La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), premier et unique traité international de santé publique élaboré sous l’égide de l’OMS qui compte aujourd’hui 183 parties, entrait en vigueur le 27 février 2005. Ce traité, qui a permis de réduire d’un tiers l’usage du tabac dans le monde, présente un bilan sans précédent mais est jugé encore insuffisamment mis en œuvre pour lutter contre l’épidémie tabagique et les stratégies déployées par l’industrie du tabac pour le contrer.

Un traité aux résultats incontestables

Aujourd’hui, cette convention englobe 183 Parties et couvre 90 % de la population mondiale, soit environ 5,6 milliards de personnes. Avec des objectifs de réduction du tabagisme et de protection des générations présentes et futures contre les effets multiples du tabac, la CCLAT s’appuie sur un effort multilatéral et propose une stratégie complète de réduction de la consommation. Ces dernières concernent aussi bien l’offre que la demande et ont comme particularités d’avoir été définies sur la base de données probantes et scientifiquement rigoureuses.

Ces mesures comprennent « notamment l’apposition d’avertissements sanitaires illustrés sur les paquets de cigarettes, l’adoption de lois antitabac et l’augmentation des taxes sur les produits du tabac, pour n’en citer que quelques-unes. »  (OMS, 25/02/2025)

La baisse de la consommation de tabac dans le monde témoigne des résultats de la CCLAT. De 2000 à 2020, la prévalence de fumeurs quotidiens ou occasionnels est passée de 23,7% à 21,7%. D’après l’OMS, le recul tabagique chez les jeunes est flagrant avec 20,5% de fumeurs de 15-24 ans en 2000 contre 13,2% en 2022. Depuis 2005, 118 millions de personnes dans le monde ont arrêté leur consommation de tabac avec des conséquences en termes de prévention de maladies cardiovasculaires, respiratoires et cancers.

Le nombre de fumeurs est ainsi en baisse dans la plupart des régions de l’OMS. En 2000, avant la CCLAT, le nombre de fumeurs était évalué à 1,362 milliard. En dépit de l’évolution démographique, la prévision a été réduite à 1,197 milliard d’ici 2030, le rythme de baisse étant très différencié selon les régions dans le monde. Certains pays, comme le Royaume-Uni, ont massivement réduit leur prévalence et les concepts de génération sans tabac et « endgame » se développent de plus en plus. Le Royaume-Uni s’est tout particulièrement engagé dans une sortie du tabac de la société avec l’adoption d’une interdiction de vente générationnelle prévoyant de maintenir l’interdiction de vente de produits du tabac aux personnes nées à partir de 2009.

Devenu un marché en voie de déclin, l’industrie du tabac déploie une stratégie de reconquête

Malgré ces résultats, l’évolution à la baisse demeure encore souvent lente et les mesures du traité insuffisamment appliquées. 1,3 milliard d’individus continuent de fumer dans le monde tandis que l’industrie du tabac déploie depuis ces dernières années une nouvelle stratégie. Cette dernière se caractérise par la mise sur le marché de nouveaux produits à la nicotine et par une instrumentalisation de la notion sanitaire de réduction de risque. L’objectif des fabricants est de redorer leur image fortement dégradée et d’apparaître comme des entreprises responsables, apportant des solutions aux problèmes causés tout en luttant âprement contre toutes les mesures susceptibles de réduire la consommation de tabac.

Selon l’OMS, plus de 8 millions de personnes décèdent chaque année prématurément du tabagisme. À ce coût sanitaire s’ajoutent d’autres coûts pour les collectivités. Sur le plan économique et financier, les dépenses de santé et les pertes de productivité représentent 1,8% du PIB mondial chaque année, tandis que le tabagisme devient de plus en plus un marqueur social, source d’inégalités en matière de santé. De même, d’un point de vue environnemental, les dégâts induits par le tabac sont importants. La production et la consommation de tabac relâchent 80 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’air chaque année et de la culture à la gestion des déchets, les produits du tabac affectent l’environnement.

La Convention-cadre de l’OMS plus nécessaire que jamais

Les acteurs de santé publique eux-mêmes soulignent que la mise en œuvre complète de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac demeure plus nécessaire que jamais, alors que seuls 56 pays atteindront leur objectif de réduction de la prévalence tabagique d’un tiers d’ici 2025. Parmi les recommandations systématiquement rappelées par l’OMS figurent la mise en œuvre de politiques fiscales fortes, la suppression de toutes formes de publicités, l’extension des lieux sans tabac, la prise en charge du sevrage des fumeurs mais aussi l’application par l’ensemble des Parties au traité des dispositions visant à protéger leurs politiques publiques du lobby et de l’interférence de l’industrie du tabac.

 

SOURCE: génération sans tabac


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