Tabac : Juul banni des Etats-Unis

Tabac : Juul banni des Etats-Unis

Le régulateur américain a annoncé ce jeudi l’interdiction des produits du spécialiste de la cigarette électronique. Altria, qui avait acquis 35 % de Juul pour 13 milliards de dollars fin 2018, n’évalue déjà plus sa participation qu’à 1,7 milliard.

Juul est bouté hors des Etats-Unis. Le spécialiste des cigarettes électroniques se voit contraint de retirer ses produits du marché américain sur injonction de la FDA, le régulateur du secteur. Celle-ci a estimé ce jeudi que la start-up n’avait pas démontré que la commercialisation de ses produits était « appropriée pour la protection de la santé publique ». Cette décision vient confirmer une information donnée mercredi par le « Wall Street Journal ».

L’agence fédérale du médicament, qui examine le rapport coût-bénéfice de tous les produits mis sur le marché, mène depuis 2020 une enquête sur les cigarettes électroniques. Une revue lancée dans la foulée d’un débat national sur ses dangers pour les adolescents.

Alors que les cigarettes électroniques devaient initialement aider les fumeurs à décrocher, le californien Juul Labs a fondé son succès sur les jeunes, à coups de campagnes de promotion sur les réseaux sociaux et de produits à la nicotine aromatisés à la mangue ou avec un goût de bonbon. En 2019, plus d’un lycéen sur quatre (27,5 %) déclarait utiliser des cigarettes électroniques, selon l’étude annuelle de la FDA et les centres de prévention (CDC).

Face à la colère des associations de lutte contre le tabagisme et des parents, les pratiques de Juul ont déclenché une contre-offensive des régulateurs, comme l’interdiction de vendre aux Etats-Unis certains arômes jugés trop attractifs, ou le relèvement de l’âge minimum pour acheter des produits du tabac.

Des Etats ont aussi poursuivi le fabricant de cigarettes électroniques. En avril, la marque a ainsi accepté de payer 22,5 millions de dollars à l’Etat de Washington, dans le cadre d’un règlement à l’amiable.

Cette riposte avait déjà sérieusement fragilisé la marque, dont le géant des cigarettes, Altria, avait pris 35 % du capital fin 2018 pour quelque 13 milliards de dollars. A fin 2021, le cigarettier n’évalue plus sa participation dans Juul qu’à… 1,7 milliard de dollars. Altria estime désormais la part de marché de Juul sur le marché des e-cigarettes à 30 % des volumes, contre 44 % en 2019.

Avec les restrictions en cours, Juul a déjà été détrôné chez les jeunes par d’autres marques plus en vogue aux Etats-Unis, comme Puff Bar, Vus et SMOK. Et dans leur dernière étude , la FDA et les centres de prévention notent une nette inflexion de leur consommation : 13,4 % des lycéens déclaraient consommer un produit du tabac l’an dernier, dont la moitié se tourne vers les e-cigarettes. Un changement de méthodologie ne permet toutefois pas la comparaison avec les études précédentes, notent les auteurs.

Réduire le taux de nicotine

L’interdiction de Juul aux Etats-Unis lui porte néanmoins un nouveau coup. « Toute cette catégorie sera en quelque sorte en transition au cours des dix-huit prochains mois, car certains produits passent à travers le processus (de la FDA) et d’autres sont refusés. Les consommateurs seront donc amenés à se déplacer un peu », notait seulement le PDG d’Altria, Billy Gifford, fin avril lors des résultats trimestriels.

La décision de la FDA intervient au moment où l’administration Biden veut réduire le taux de nicotine dans les cigarettes, afin de réduire la dépendance des fumeurs. Les géants du secteur tentent de leur côté de trouver de nouveaux débouchés, comme avec l’achat du spécialiste du « tabac sans fumée » Swedish Match par Philip Morris, pour 16 milliards de dollars. Pour la première fois, l’étude 2021 de la FDA a d’ailleurs mesuré la consommation de « poches » de nicotine par les jeunes (0,8 %).

Source: Les Echos


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