Le Canada introduit des mesures plus strictes pour les sachets de nicotine
Le ministre canadien de la santé, Mark Holland, a annoncé que le gouvernement allait interdire tous les arômes dans les sachets de nicotine, à l’exception de la menthe et du menthol. Le gouvernement prévoit également d’apposer des avertissements sanitaires sur les emballages, d’imposer des restrictions en matière de marketing et de conditionnement, et de limiter leur placement et accès derrière le comptoir des pharmacies, et ce dans l’ensemble du Canada. Certains de ces changements entreront en vigueur le 28 août prochain et d’autres six mois plus tard. Ces nouvelles mesures sont instaurées par le biais d’un décret ministériel.
L’été dernier, Santé Canada a approuvé la vente de sachets de nicotine. L’industrie du tabac a alors profité d’une lacune pour commercialiser agressivement ces sachets en en faisant la promotion chez les dépanneurs (débitants de tabac) et les stations-service, en les emballant dans de petits paquets colorés similaires à des emballages de confiseries, et en faisant de la publicité axée sur la disponibilité des arômes et le style de vie et ciblant les jeunes.
Des produits qui ne sont pas interdits aux mineurs
Le 18 juillet 2023, Santé Canada a approuvé la vente des sachets de nicotine de la marque Zonnic contenant 4mg de nicotine en tant que produit d’aide à l’arrêt du tabac dans le cadre du Règlement sur les produits de santé naturels, qui relève de la Loi sur les aliments et drogues. L’approbation a été accordée à Nicoventures Trading Ltd. Imperial Tobacco Canada Ltd. et Nicoventures Trading Ltd. toutes deux des filiales de British American Tobacco.
Si les médicaments soumis à prescription exigent que les produits contenant de la nicotine, autres que les produits du tabac, soient vendus sur ordonnance au Canada, il existe une exception concernant les sachets de nicotine. Le Règlement sur les produits de santé naturels ne prévoit pas non plus d’âge minimum de vente, et il s’ensuit qu’il n’y a pas d’âge minimum de vente pour les sachets de nicotine. Pour éviter que ces produits soient ainsi accessibles aux adolescents, les provinces du Québec et de la Colombie-Britannique ont décidé d’octroyer aux seuls pharmaciens le droit de vendre ces sachets de nicotine. Les deux provinces ont également interdit leur vente aux moins de 19 ans.
Malgré ces restrictions, le média québécois La Presse révélait qu’il était très facile de se procurer des sachets de nicotine dans des débits de tabac au Québec, à des taux de nicotine supérieurs à ceux autorisés ou encore de marques non autorisées (comme ZYN de Philip Morris). Ces produits sont aussi très accessibles en ligne où des produits contenant jusqu’à 50mg/g de nicotine peuvent être achetés sans vérification de l’âge de l’acheteur.
Empêcher les jeunes de s’initier à la nicotine à travers ce produit
À compter du 28 août, les sachets de la marque Zonnic seront donc bannis des rayons des dépanneurs et des stations-service partout dans le Canada et l’ensemble des arômes autres que menthol et menthe ne seront plus autorisés à la vente. Seuls les pharmaciens seront autorisés à vendre les sachets de nicotine et ils devront être placés derrière le comptoir. Imperial Tobacco aura six mois pour modifier ses emballages. Un nouvel étiquetage impose d’apposer un avertissement relatif au risque de dépendance à la nicotine ainsi qu’une indication claire de l’utilisation restrictivement prévue pour l’arrêt du tabac chez les adultes. Toute publicité susceptible de séduire les jeunes doit être modifiée d’ici la fin février.
Le ministre de la santé Holland se dit « préoccupé » par la consommation de ces produits par des enfants. Il accuse les fabricants de tabac d’avoir exploité les failles des textes pour « cibler les enfants » et les rendre dépendants à la nicotine. Les nouvelles mesures n’incluent toujours pas l’interdiction de vente aux mineurs au niveau fédéral. Pour Doug Roth, directeur général de Heart & Stroke, il convient de surveiller attentivement la situation : « Il sera très important que le gouvernement fédéral évalue cette lacune dans six mois pour s’assurer que l’industrie ne l’exploite pas ».