Présentation d’un programme de Génération sans tabac pour le Luxembourg

Présentation d’un programme de Génération sans tabac pour le Luxembourg

La Fondation Cancer du Luxembourg lance sa stratégie de Génération sans tabac pour parvenir à moins de 5 % de fumeurs au Luxembourg en 2040. Six axes de mesures sont proposés, la principale consistant à augmenter significativement le prix du tabac.

Lors d’une conférence de presse, le 8 mars dernier, la directrice de la Fondation Cancer Luxembourg, Lucienne Thommes, a présenté la stratégie Génération sans tabac proposée pour le Grand-Duché. Soutenu par 36 acteurs de la santé, de l’éducation, du sport et de la jeunesse, ce programme prévoit six axes de mesures afin de parvenir à moins de 5 % de fumeurs au Luxembourg en 2040[1]. La prévalence tabagique, restée autour de 21 % durant toute la décennie 2010, s’est en effet subitement envolée pour atteindre 27 % en 2019 et 28 % en 2021.

Focus sur les augmentations des taxes sur les produits du tabac et de la nicotine

Les six axes de mesures suggérées se décomposent ainsi :

  • Augmenter significativement et annuellement le prix du tabac et de ses produits associés. L’augmentation du prix du tabac étant reconnue comme le meilleur levier pour empêcher l’entrée des jeunes dans le tabagisme et inciter les fumeurs à arrêter de fumer, des augmentations annuelles d’environ 10 % des droits d’accises sont préconisées pour les prochaines années. L’harmonisation des taxes entre les différents produits du tabac et de la nicotine est également souhaitée.
  • Eviter l’entrée des jeunes dans le tabagisme et mener régulièrement des campagnes de prévention. Au-delà des campagnes de sensibilisation en direction des jeunes, le respect des interdictions de fumer et de vente de tabac aux mineurs mériterait d’être mieux observé.
  • Interdire toute forme de publicité et de détournement de publicité. L’instauration d’emballages neutres est préconisée pour tous les produits du tabac et de la nicotine. L’interdiction des étals de paquets de cigarettes et autres produits du tabac de même que l’interdiction des autres publicités sur les lieux de vente et sur les réseaux sociaux sont recommandées pour compléter l’interdiction générale de publicité. L’interdiction du parrainage et du mécénat n’est envisagée qu’à partir de 2030.
  • Réduire la disponibilité des produits du tabac. Le retrait des distributeurs automatiques, qui représentent environ 65 % des points de vente de cigarettes, est demandé et serait soutenu par 80 % de la population. La mise en place d’une licence pour la vente de produits du tabac permettrait de réduire le nombre de points de vente.
  • Protéger efficacement la population du tabagisme passif. L’interdiction de fumer dans les lieux clos, qui n’est appliquée que dans les cafés et restaurants, gagnerait à être étendue à tous les lieux de travail. L’extension des espaces extérieurs sans tabac est encouragée, un label « commune anti-tabac » étant décerné par la Fondation Cancer. Dans les véhicules privés, l’interdiction de fumer en présence d’un mineur pourrait être complétée par celle de ne pas fumer en présence d’un non-fumeur. L’interdiction de fumer dans les copropriétés et sur les terrasses des cafés n’est envisagée qu’à partir de 2030.
  • Promouvoir l’arrêt du tabac et mettre en place un parcours d’aide à l’arrêt effectif. L’encouragement des fumeurs au sevrage tabagique devrait être appuyé par un meilleur accompagnement dans le parcours de soins et par le remboursement des traitements nicotiniques de substitution. L’idée d’un Mois sans tabac au Luxembourg pourrait être mise en œuvre.

Le Luxembourg encore très dépendant des revenus du tabac

Le programme de cette Génération sans tabac n’exprime pour l’instant que les souhaits de la société civile et des autorités de santé, mais n’est pas encore intégré à la politique gouvernementale. Si la Direction de la Santé s’est prononcée en faveur de ce projet, la ministre des Finances, Yuriko Backes, est plus attentive aux revenus fiscaux générés par les ventes de tabac. « Ce n’est pas un secret que les accises constituent des revenus importants, c’est une réalité historique », avait déclaré Mme Backes en novembre 2022, les taxes sur le tabac constituant 5 % des revenus publics luxembourgeois[2]. Lucienne Thommes considère sur ce point que la balance entre ce que rapportent les droits d’accises et le coût des seuls soins médicaux mériterait d’être mieux renseignée, à l’image des travaux réalisés en France par Pierre Kopp[3].

Dans l’édition 2021 du Tobacco Control Scale, qui évalue l’avancement des mesures antitabac de 37 pays européens, le Luxembourg a montré une relative progression, passant de la 34ème à la 28ème place. Ce rapport pointe cependant les nettes insuffisances de ce pays, qui reste l’un des moins bien classés en Europe de l’Ouest en matière de prix de vente (5,50 € pour un paquet de Marlboro en 2022, contre 15,40 € en Irlande) notamment au regard du niveau de vie des Luxembourgeois. Le Luxembourg est également accusé de maintenir une faible taxation sur les produits du tabac pour attirer les achats transfrontaliers[4].

Source: Génération Sans tabac


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