Irlande : l’industrie du tabac doit contribuer au financement du nettoyage des rues

Irlande : l’industrie du tabac doit contribuer au financement du nettoyage des rues

Depuis le 1er janvier, les compagnies de tabac doivent contribuer financièrement au nettoyage des rues en Irlande, en vertu d’une nouvelle législation gouvernementale, qui transpose dans le droit interne irlandais la directive européenne relative aux plastiques à usage unique, ou directive SUP. Le Tobacco Free Institute, qui a approuvé la nécessité de faire supporter une partie du coût financier de la pollution par les compagnies de tabac, alerte toutefois sur le risque que cette nouvelle législation soit suivie par des stratégies d’écoblanchiment de la part des cigarettiers.

Selon le National Litter Pollution Monitoring System, plus de la moitié des déchets ramassés en Irlande sont des mégots. Cette forte pollution s’accompagne de coûts financiers pour les pouvoirs publics : en 2021, 85 millions d’euros ont été dépensés par les collectivités locales pour le nettoyage des rues, dont 36 millions d’euros à Dublin[1].

Le montant exact de la contribution financière n’est pas encore fixé, en raison du fait que les données sur les mégots de cigarettes sont encore incomplètes. Au cours du mois de janvier, une société statutaire, placé sous la tutelle du ministère de l’Environnement, devra être mise en place pour que les producteurs se conforment à la directive européenne. La nouvelle législation, qui s’applique en priorité aux cigarettiers, ne concerne pas uniquement le secteur tabac, et fera progressivement contribuer les engins de pêche, les ballons et les lingettes, dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs. Les producteurs deviendront ainsi responsables de l’ensemble du cycle de vie de leurs produits, y compris des coûts de fin d’utilisation.

Les modalités concrètes de la contribution en Irlande encore en suspens

A ce jour, les modalités concrètes de cette contribution ne sont donc pas totalement connues. Pour Luke Clancy, directeur général du Tobacco Free Institute, tout l’enjeu réside précisément dans la concrétisation de ce nouveau programme[2]. En effet, une telle initiative peut être instrumentalisée par l’industrie du tabac dans une stratégie de renormalisation du tabagisme, ou dans un esprit d’écoblanchiment, visant à redorer l’image des cigarettiers auprès des consommateurs comme auprès des décideurs publics. Pour les ONG de lutte contre le tabagisme, au regard de la spécificité du secteur, directement responsable de coûts humains, sanitaires, économiques, sociaux ou environnementaux colossaux, la contribution de l’industrie du tabac doit être exclusivement financière et contraignante, et ne doit pas lui permettre de se présenter comme un acteur socialement responsable.

Après le mauvais exemple de la France, les ONG de santé publique demeurent vigilantes

Ainsi, comme le rappelle Luke Clancy, ce retournement du principe de la responsabilité élargie des producteurs a été observé en France, à travers la mise en place d’un éco-organisme, Alcome, agréé par les pouvoirs publics, mais émanant exclusivement des fabricants de tabac et de la Confédération des buralistes. De ce fait, l’éco-organisme élude intégralement la responsabilité de l’industrie du tabac dans la pollution générée par les mégots, en la faisant reposer sur les seuls fumeurs, tandis qu’il prévoit la mise en place de mesures reconnues comme contreproductives, à l’instar de la distribution de cendriers de poches, tout en omettant des dispositions démontrées comme efficaces (suppression du filtre, multiplication des espaces sans tabac, etc).

Source: Générations Sans Tabac


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