Kenya : le Président interpellé sur le commerce et la culture du tabac

Kenya : le Président interpellé sur le commerce et la culture du tabac

Un accord commercial bilatéral avec la Corée du Sud prévoit l’augmentation des livraisons de tabac par le Kenya, alors que le Président s’était engagé à réduire sa culture. L’Alliance kenyanne pour le contrôle du tabac lui demande de revenir sur cet accord et de promouvoir les cultures vivrières.

Plusieurs études ont montré que, dans la plupart des pays et tout particulièrement au Kenya, la culture du tabac ne profite ni aux cultivateurs, ni aux états, mais essentiellement aux industriels du tabac[1]. Ce constat avait conduit à inscrire dans le Tobacco Control Act du Kenya, en 2007, la résorption continuelle de la culture du tabac. En mars 2022, le projet « Fermes sans tabac » avait été lancé dans l’Ouest du pays par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour la nourriture et l’agriculture (FAO), en collaboration avec le gouvernement kenyan[2].

Malgré cet état de fait, le Président kenyan Willam Ruto a récemment signé avec la Corée du Sud un accord bilatéral prévoyant l’augmentation des exportations de thé, de café et de tabac. Craignant que cela ne conduise à augmenter la surface agricole consacrée au tabac, l’Alliance kenyanne pour le contrôle du tabac (KETCA) a écrit au Président pour le placer face à ses engagements et lui demander de revenir sur cet accord[3].

Des cultivateurs exposés aux maladies de la culture du tabac

En s’appuyant sur les études scientifiques, la KETCA a souligné les nombreux inconvénients de la culture du tabac : non seulement elle ne permet pas aux 55 000 cultivateurs de tabac kényans de s’extraire de leur pauvreté structurelle, mais elle expose ces travailleurs à la maladie du tabac vert et à d’autres affections, et elle induit une forte pression sur les ressources environnementales (terres, eau, forêts).

La maladie du tabac vert se contracte par l’exposition de la peau à la nicotine présente sur les feuilles humides de tabac. Elle s’accompagne de nombreux symptômes (nausées, vomissements, vertiges, maux de tête, frissons, diarrhées, prostration…) et affecte davantage les enfants et les femmes enceintes. D’autres maladies liées à la culture du tabac peuvent cependant survenir, notamment celles dues à l’exposition à la fumée de bois durant le séchage et l’assainissement des feuilles de tabac.

La culture du tabac, moins rentable que les cultures vivrières

La faible rentabilité de la culture du tabac a, quant à elle, été démontrée, notamment en ce qu’elle nécessite une très importante main d’œuvre, ce qui oblige fréquemment les cultivateurs à faire travailler leurs enfants. De nombreux programmes portés par les Nations Unies ont prouvé que la substitution de cultures vivrières aux plantations de tabac se révèle plus efficace pour résorber la famine et la pauvreté extrême, tout en limitant les atteintes environnementales et l’épuisement des ressources. C’est en ce sens que l’OMS a placé la prochaine Journée mondiale sans tabac sous le signe de l’autosuffisance alimentaire[4].

Second pays au monde, après la Norvège, à avoir ratifié la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) dès 2004, le Kenya fut aussi l’un des premiers pays africains à engager une ferme lutte contre le tabagisme avec son Tobacco Control Act, en 2007. Le Président Ruto avait pour sa part renouvelé son engagement de réduire les maladies non transmissibles, dont le tabagisme est la première cause.

Source: Génération Sans Tabac


Donate

$