Le Bangladesh souhaite mettre fin à la culture du tabac sur son territoire

Le Bangladesh souhaite mettre fin à la culture du tabac sur son territoire

Le gouvernement du Bangladesh, jusqu’à présent ambivalent sur la question du tabac, semble aujourd’hui décidé à mettre en place une génération sans tabac d’ici 2040. L’arrêt de la culture du tabac sur son sol serait l’une des premières étapes significatives de cette nouvelle orientation.

C’est au cours d’une rencontre consacrée à un Bangladesh sans tabac que le ministre de l’Environnement, de la forêt et du changement climatique a annoncé l’intention affichée par le Premier ministre de mettre fin à la culture du tabac dans ce pays[1]. Cette décision constitue un véritable tournant dans la politique du Bangladesh, qui restait jusqu’ici très attentive aux attentes de l’industrie du tabac. Le principal motif avancé pour cette orientation serait que le tabac empêcherait le pays d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’Organisation des Nations Unies (ONU).

La culture du tabac, une pratique toxique et peu rentable

La décision de mettre fin à la culture du tabac serait appuyée par des incitations financières afin de pousser les agriculteurs à se convertir à d’autres types de culture économiquement viables. Avec l’atteinte des ODD, l’autre objectif affiché est la protection de l’environnement, la culture du tabac étant particulièrement gourmande en ressources naturelles. Cette décision s’inscrit pleinement dans le cadre du thème prévu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui porte précisément sur la nécessité de convertir les cultures du tabac en cultures vivrières[2].

La culture du tabac expose par ailleurs les travailleurs agricoles – et parmi eux, plus spécialement les femmes et les enfants – à la maladie du tabac vert qui entraînent des nausées, vertiges, vomissements, diarrhées et de nombreux autres symptômes, l’intoxication étant proportionnelles à l’exposition. A ces motifs, s’ajoute la faible rentabilité des exploitations agricoles de tabac, contrairement à ce que laissent miroiter les industriels. Pour toutes ces raisons, la culture du tabac constitue une véritable entrave au développement économique et environnemental d’un pays, ainsi qu’une perpétuelle menace pour la santé publique.

Une ouverture dans la lutte contre le tabagisme

Plusieurs signes avaient montré, ces derniers mois, le regain d’intérêt pour la lutte contre le tabagisme au Bangladesh. Une conférence de trois jours sur « un Bangladesh sans tabac », organisée en mai 2022 par le Forum parlementaire pour la santé et le bien-être, en association avec la fondation Shurokkha et Campaign for Tobacco-Free Kids (CTFK-Bangladesh), avait réunis une quarantaine de députés[3].

De multiples tribunes ont depuis été publiées dans la presse, appelant à transformer le Bangladesh en un pays sans tabac, notamment par Qazi Kholiquzzaman Ahmad, économiste, activiste du développement et animateur de la National Anti-tobacco Platform[4]. Autant d’initiatives soutenues par la Bangladesh Anti-Tobacco Alliance (BATA), acteur historique de la lutte contre le tabagisme. Ces derniers temps, sous l’impulsion du Premier ministre, les initiatives favorables à un Bangladesh sans tabac se multiplient de la part des autorités bangladaises, attestant d’un changement de paradigme.

Des approches jusqu’ici divergentes selon les ministères

Il est courant qu’au sein d’un gouvernement, les différents ministères adoptent des attitudes très différentes vis-à-vis de l’industrie du tabac, en fonction de leurs attributions. Les ministères de la santé et ceux de l’environnement sont habituellement en pointe de la lutte contre le tabagisme, tandis que les ministères des finances, du commerce ou de l’industrie sont généralement plus favorables aux industriels. Cette tendance semblait très exacerbée au Bangladesh, où plusieurs ministres et membres de cabinet ne cachaient pas leur présence au conseil d’administration des cigarettiers, ni leurs liens avec les fabricants[5]. Les mois qui viennent permettront de juger, notamment au regard de l’application de l’article 5.3 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac, si cette tendance est bien inversée au Bangladesh.

Source: Génération Sans Tabac


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