Pourquoi le cancer du poumon menace-t-il aussi les non-fumeurs ?
Si le tabac reste le principal facteur de risque de la maladie, il est tout à fait possible de développer un cancer du poumon sans jamais avoir touché une cigarette de sa vie. En cause : le tabagisme passif et la pollution environnementale. Explications dans l’émission “Grand bien vous fasse”.
Ali Rebeihi interrogeait les trois pneumologues Maurice Pérol, Marie Wislez et Gilles Dixsaut sur les différents types de cancer du poumon qui existent aujourd’hui, en même temps que leurs symptômes et les traitements spécifiques existants. Ils en ont profité pour rappeler que si, hors tabagisme, les personnes avaient beaucoup moins de risques de développer directement un cancer du poumon, d’autres facteurs exposent malgré tout les poumons des non-fumeurs.
Le tabagisme passif
Le fait d’inhaler involontairement les milliers de substances cancérigènes concentrées dans la fumée dégagée par la cigarette d’un fumeur de son entourage nuit fortement à la santé de ses poumons. Si cette inhalation involontaire peut entraîner une gêne, elle est surtout un réel risque pour la santé. Il cause plus de 1,2 million de décès prématurés par an (sur les 8 millions de personnes décédées à cause du tabac) ainsi que de graves maladies cardiovasculaires et respiratoires. L’Organisation mondiale de la santé affirme que près de la moitié des enfants respirent régulièrement un air pollué par la fumée de tabac dans les lieux publics et 65 000 meurent chaque année de maladies attribuables au tabagisme passif.
À savoir que la Fondation pour la recherche sur le cancer (arc) nous apprend que les effets du tabagisme passif sur la santé des non-fumeurs sont scientifiquement prouvés et que le risque de cancer du poumon chez un non-fumeur exposé continuellement à la fumée des autres est augmenté de 26 %.
La pollution extérieure
L’autre grand facteur de risque est environnemental. La pollution atmosphérique peut provoquer un cancer broncho-pulmonaire. Le Dr Gilles Dixsaut commence par rappeler que “le Centre international de recherche sur le cancer a classé la pollution de l’air comme cancérogène pour l’homme et on estime actuellement que 5 % des cancers du poumon seraient liés à la pollution atmosphérique. En 2015, cela représentait entre 1 600 et 4 000 cancers du poumon.
Le pneumologue explique que “le mécanisme est un peu comparable à celui de l’inhalation du tabac, car dans la pollution atmosphérique, et en particulier dans la pollution particulaire, il y a des cancérogènes qui sont un peu de même nature que ce qu’on a dans la fumée du tabac. C’est particulièrement le cas dans les fumées de diesel que le Centre international de recherche contre le cancer a classé comme cancérogènes en 2012″.
D’autres irritants des voies aériennes, qui sont autant de moteurs de développement du cancer du poumon, sont d’autant plus dangereux (amiante, cosmétiques, désodorisants, produits d’entretien, toute combustion de matières organiques, gaz de combustion, moisissures…) qu’ils viennent se coupler souvent aux effets du tabagisme passif…
Le radon, ce gaz radioactif présent chez vous
C’est un gaz radioactif émis par le sol, surtout dans les régions granitiques, notamment en Bretagne et dans le Massif central. L’exposition domestique au radon est la deuxième cause de cancer bronchique en France d’après La Fondation pour la recherche sur le cancer (arc). Le Dr Gilles Dixsaut alerte sur les facteurs de risque très méconnus que représente ce gaz tant il menace directement les foyers d’habitation puisque “le radon s’accumule dans les espaces fermés, il pénètre dans les sols non-étanches ou en béton.
Très souvent inhalé en interaction avec le tabac, ce gaz augmente considérablement le risque de cancer du poumon. La meilleure façon de s’en protéger, c’est la ventilation, puisque c’est un gaz qui est émis par le sol. Comme toutes les substances radioactives, c’est un cancérogène et comme on l’inhale, c’est un cancérogène du poumon”.
Les non-fumeurs des villes et les non-fumeurs des campagnes
Si le non-fumeur habitant en ville est exposé à la pollution citadine et tous les gaz à effets de serre qu’elle produit et renferme en son sein, le non-fumeur situé dans une zone plus rurale sera, lui, plus facilement exposé aux engrais et pesticides. À la seule différence que le poumon des citadins sera toujours un peu plus noir que celui d’un habitant qui a toujours habité en secteur rural : c’est ce que nous apprend le pneumologue Gilles Dixsaut, tant “la pollution atmosphérique en ville est composée de particules carcinogènes de même nature que celle du tabac”.
Source: France Inter