Les Pays-Bas projettent d’interdire les filtres de cigarettes
Dans la lignée de la Belgique et du Danemark, les Pays-Bas font à leur tour valoir que l’interdiction des filtres de cigarettes permettrait de mieux lutter contre la pollution des déchets plastique à usage unique.
Aux Pays-Bas, ce sont des activistes de l’environnement qui ont rallumé le débat sur les filtres de cigarettes, en appelant la police. Ils souhaitaient signaler des jets de mégots au sol dans l’espace urbain et sur les plages, et demandaient aux forces de l’ordre de verbaliser ce comportement, au titre de l’abandon de déchets.
Ils militent également pour demander le relèvement du montant de cette infraction, actuellement limité à 150 €, et souhaitent s’inspirer de leurs homologues belges, qui voudraient le fixer à 350 €. D’autres associations environnementales réclament pour leur part une interdiction de fumer sur les plages, démarche qui s’est répandue en Espagne, en Italie et en France.
Les filtres, une source de pollution plastique évitable
Bien qu’il faille également modifier les comportements vis-à-vis de l’abandon de déchets dans l’environnement, supprimer les filtres de cigarettes semble la piste la plus sérieuse pour combattre à la source le problème de cette pollution plastique. Les filtres de cigarettes sont en effet composés d’acétate de cellulose, une forme de plastique qui ne s’élimine qu’en une dizaine d’années. L’organisation Mondiale de la Santé évalue que les mégots de cigarettes sont le deuxième déchet le plus courant sur les plages européennes, et l’Organisation des Nations Unies estime pour sa part que les mégots sont la première source de déchets rejetés dans l’environnement.
L’effet protecteur des filtres n’a par ailleurs pas non plus été démontré et il a davantage constitué un argument marketing pour les fabricants. En avril 2023, le Conseil supérieur belge de la santé (CSS) a ainsi attiré l’attention sur le caractère trompeur des filtres de cigarettes, qui suggèrerait aux fumeurs une illusion de protection.
Les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark étudient la possibilité d’une interdiction des filtres
Au-delà des seules sanctions contre les mégots jetés au sol, d’autres mesures peuvent être envisagées. Au cours des négociations du traité mondial contre la pollution plastique, qui se sont tenues à Paris du 29 mai au 2 juin 2023, 130 organisations de santé et environnementales avaient appelé à interdire les filtres de cigarettes. Plusieurs gouvernements, dont ceux de la Belgique, du Danemark et des Pays-Bas, avaient rejoint cette position et ont commencé à envisager le caractère technique d’une telle mesure[1]. Vivianne Heijnen, qui fut ministre de l’Environnement du précédent gouvernement néerlandais et occupe encore ce poste à titre transitoire, s’était notamment déclarée favorable à la suppression des filtres de cigarettes.
Selon Karl Beerenfenger, directeur de campagne du collectif Plastic Peuken, qui organise chaque année des ramassages de mégots de grande ampleur aux Pays-Bas : « Le gouvernement néerlandais a reconnu le problème et sait également que les mesures de sensibilisation aux déchets sauvages n’ont que peu d’effet. Même avec une réduction de 70 % du nombre de mégots dans l’environnement, plus d’un milliard de filtres à cigarettes finissent encore dans les rues chaque année, rien qu’aux Pays-Bas. L’interdiction du produit [le filtre], de préférence dans un contexte international, est une étape logique. »[2]
Pour en savoir davantage sur la suppression des filtres de cigarettes, consulter notre décryptage.
Mots-clés : Pays-Bas, Belgique, filtres, mégots, environnement, tromperie.
MF
[1] Proctor E, The Netherlands could ban cigarette filters to combat littering, I am expat, publié le 3 septembre 2023, consulté le 5 septembre 2023.
[2] Beerenfenger K, Plus d’un demi-million de mégots de cigarettes ramassés, les appels à l’interdiction des filtres se multiplient, Recycling Netwerk Benelux, publié le 20 juillet 2023, consulté le 5 septembre 2023.