Australie : les adolescents qui ont déjà vapoté sont 5 fois plus susceptibles de fumer

Une nouvelle étude menée par le Daffodil Centre, le Cancer Council NSW et de l’Université de Sydney, et publiée dans l’Australian and New Zealand Journal of Public Health, indique que les adolescents australiens âgés de 12 à 17 ans sont cinq fois plus susceptibles d’essayer de fumer du tabac après avoir vapoté.

Les auteurs ont utilisé les données de l’enquête Generation Vape portant sur plus de 5 100 adolescents âgés de 12 à 17 ans dans le cadre d’une analyse de cohorte rétrospective. Les données ont été recueillies en 2023, avant l’entrée en vigueur, le 1er juillet 2024, de la nouvelle législation australienne qui permet l’achat de produits du vapotage uniquement dans les pharmacies.

Un effet passerelle encore plus prononcé chez les jeunes adolescents

Même après avoir pris en compte d’autres facteurs susceptibles d’influencer la probabilité qu’un jeune essaie les vapes ou le tabac, le taux estimé d’initiation au tabagisme était près de 5 fois plus élevé chez les adolescents ayant déjà vapoté que chez ceux n’ayant jamais vapoté. Les résultats par âge révèlent que plus une personne commence à vapoter jeune, plus le taux d’initiation au tabagisme est élevé. Les jeunes de 12 ans qui ont déjà vapoté ont ainsi 29 fois plus de risques de fumer par la suite que ceux qui n’ont jamais vapoté. Ce risque est 11,5 plus élevé chez les adolescents de 13 ans, 6,3 chez les jeunes de 14 ans et de 2,4 fois chez les adolescents de 17 ans.

L’association entre le vapotage et une initiation ultérieure au tabagisme varie également en fonction de certaines catégories de la population. Par exemple, chez les adolescents ayant déjà vapoté et se déclarant non-binaires, l’initiation au tabagisme était 8,4 fois plus élevé (4 fois plus élevé chez les garçons et 5,4 fois chez les filles). Les adolescents résidant dans les zones urbaines et ayant déjà vapoté sont plus susceptibles de s’initier au tabagisme par la suite : 5,3 fois plus de risques v/ 3,7 fois plus de risques parmi les adolescents vivant dans des zones plus rurales. Enfin, les adolescents ayant déjà vapoté et qui sont issus de catégories sociales les plus aisées sont plus susceptibles de fumer par la suite que ceux issues de catégories sociales les moins favorisées (6,2 fois plus de risque contre 2,2).

L’importance de la mise en place de mesures fortes pour réglementer le vapotage

Becky Freeman, professeure agrégée à l’université de Sydney, qui a supervisé l’étude, déclare que cette dernière étude conforte la pertinence des législations nationale en matière de vapotage adoptées cette année. Elle souligne la nécessité dorénavant qu’elles soient appliquées de manière stricte.

L’Australie a observé une tendance générale à la baisse du tabagisme chez les adolescents de 12 à 17 ans depuis le milieu des années 1990, mais une analyse récente des données de suivi semestrielles de 2018 à 2022 suggère une augmentation possible du tabagisme actuel chez les jeunes de 14 à 17 ans, de 2,1 % à 6,7 %, ainsi qu’une forte progression du vapotage, de 0,8 % à 11,8 %.

Pour les auteurs, bien que les e-cigarettes aient été initialement présentées comme une aide au sevrage tabagique pour les fumeurs adultes, « le poids du vapotage et ses conséquences diversifiées chez les jeunes adolescents soulignent les conséquences pour la santé publique d’un marché dont le marketing et l’accès aux produits n’ont pas été maitrisé ».

L’influence de la publicité digitale sur la consommation des jeunes

Une autre étude australienne publiée cette semaine a montré l’influence des messages diffusés sur les médias sociaux sur la façon dont les jeunes perçoivent le tabagisme et le vapotage.  L’étude de l’Université du Queensland, publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine, a évalué les réponses de plus de 5 600 jeunes qui ne fumaient pas et ne vapotaient pas et qui avaient utilisé les médias sociaux au cours du mois précédent.

61% d’entre eux ont déclaré avoir été exposés à des contenus relatifs au tabac ou au vapotage sur les médias sociaux, et environ 28 % ont déclaré être curieux d’essayer un produit à base de nicotine selon les résultats de l’étude. Pour l’auteur principal de l’étude, le Dr Carmen Lim, « la promotion des produits du tabac par l’intermédiaire d’influenceurs rémunérés, souvent sans déclaration d’intérêt financier, a joué un rôle important dans la normalisation et la progression du tabagisme et de la consommation de nicotine ».

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