Kenya : un cigarettier fait du chantage au gouvernement pour assouplir les réglementations des sachets de nicotine

British American Tobacco (BAT) a déclaré vendre ses machines destinées à la production locale de sachets de nicotine de la marque VELO au Kenya, en raison d’un différend avec le gouvernement concernant les avertissements sanitaires à apposer sur les produits. Après avoir d’abord cédé aux pressions de BAT sur les avertissements sanitaires en 2021, le gouvernement est revenu sur sa position et souhaite réglementer plus durement ces produits.

Dans une récente information financière, le fabricant a déclaré qu’il vendait les machines parce que la « commercialisation » de sachets de nicotine était « entravée » en raison de « l’incertitude réglementaire ».

Le gouvernement kenyan a cédé aux pressions du cigarettier dans le passé

Une enquête menée conjointement par The Examination, Africa Uncensored et The Guardian révélait il y a quelques mois une série de lettres échangées entre British American Tobacco et le ministère kenyan de la santé en 2021. Ces lettres montrent que le ministère a cédé aux pressions du cigarettier concernant la réglementation des sachets de nicotine. Au Kenya, les sachets de nicotine sont réglementés comme des produits du tabac et la réglementation en vigueur sur le tabac prévoit que des avertissements sanitaires soient apposés sur les conditionnements des produits et couvrent un tiers de la face avant de l’emballage. BAT a fait pression pour réduire la taille de l’avertissement et le ministère de la santé a accepté que 15 % seulement de la face avant de l’emballage soient dédiés aux mises en garde sanitaires. Ces dernières ne mentionnent pas non plus les substances toxiques potentiellement cancérigènes présentes dans les produits et seule la dimension de dépendances associée à nicotine est abordée.

Une popularité croissante qui a conduit le gouvernement à revenir sur sa position

Début 2024, le gouvernement kenyan a finalement proposé de nouveaux avertissements sanitaires graphiques pour les sachets de nicotine afin de sensibiliser aux risques potentiels de ces produits qui gagnent en popularité auprès des jeunes du pays. Jusqu’alors l’avertissement indiquait « ce produit contient de la nicotine et crée une dépendance », mais selon les nouvelles propositions, les avertissements pourraient inclure des messages tels que « ce produit n’est pas une alternative sûre à la cigarette » et « ce produit contient de la nicotine et d’autres ingrédients ».

Les visuels associés au message représentent les mains enchaînées d’une personne tenant des sachets de nicotine ou encore un homme enchaîné à un tonneau portant l’inscription « tous les produits sans fumée ».

Les connaissances scientifiques sur les effets des sachets de nicotine sur la santé sont encore émergentes et, jusqu’à présent, la plupart des études réalisées ont été commandées par l’industrie du tabac. Cependant les études indépendantes qui ont été menées sur les sachets de nicotine ont révélé la présence de nitrosamines cancérigènes spécifiques au tabac (TSNA) dans la plupart des marques de ces produits. Les TSNA sont des composés qui se forment naturellement lorsque le tabac est traité, en l’occurrence lorsque la nicotine est extraite pour être ajoutée aux sachets.

Le Kenya, un marché test pour le cigarettier

BAT considère le Kenya comme l’un de ses principaux « marchés tests » dans les pays à revenus faibles et moyens, selon ses propres présentations financières. Il prévoit de faire du pays sa base d’opérations pour un déploiement du produit dans toute l’Afrique australe et orientale. BAT a précédemment affirmé avoir investi 2,5 milliards de shillings kenyans (17 millions d’euros) dans une installation ultramoderne pour produire les sachets. Des ONG antitabac ont mis en doute l’ampleur de l’investissement et pensent qu’une partie de l’usine de cigarettes existante de BAT a été convertie pour produire des sachets de nicotine. Pour l’Alliance kenyane pour le contrôle du tabac, l’annonce par BAT de son intention de vendre ses équipements n’est qu’une tentative pour faire pression sur le gouvernement. Elle vise selon l’organisation, à obtenir un affaiblissement de la nouvelle réglementation prévue relative aux avertissements sanitaires.

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