Une à deux cigarettes fumées par jour avant ou pendant la grossesse augmente le risque de complications néonatales sévères

Une étude publiée en août 2024 dans le Journal of Epidemiology & Community Health, à partir de données étatsuniennes, concernant les conséquences du tabagisme maternel avant et pendant la grossesse sur la survenue d’un ensemble de maladies néonatales sévères montre que la consommation par les mères avant ou pendant la grossesse de 1 à 2 cigarettes par jour est associée à une hausse importante chez leurs enfants de la fréquence de survenue de ces maladies néonatales sévères par rapport à ceux de femmes non-fumeuses.

Le tabagisme de la mère avant et pendant la grossesse est associé à de nombreuses complications sanitaires : fausses couches, grossesses extra-utérines, retards de croissance in utero, naissances prématurées, mort inattendue du nourrisson, etc.

Les chercheurs se sont appuyés sur les données nationales de certification des naissances du National Vital Statistics System (NVSS) des États-Unis collectées de 2016 à 2019, correspondant à 15 379 982 naissances vivantes enregistrées.  Après exclusion des naissances multiples, des femmes ayant souffert d’hypertension artérielle ou de diabète avant la grossesse, ou n’ayant pas fourni d’informations sur leur tabagisme au cours des 3 mois précédant et pendant la grossesse, 12 150 535 paires mère-enfant étaient disponibles pour l’analyse des données. Parmi les mères participant à l’étude, 9,3 % fumaient avant la grossesse, tandis que 7 % fumaient au cours du premier trimestre, 6 % au cours du deuxième trimestre et 5,7 % au cours du troisième trimestre.

Pour cette étude, un indice composite des maladies néonatales sévères a été utilisé reposant sur la survenue des complications suivantes : recours à une ventilation assistée immédiatement après l’accouchement, ventilation assistée pendant plus de 6 heures, admission en soins intensifs néonatals pour ventilation mécanique continue, thérapie de remplacement du surfactant, suspicion de septicémie, et crises d’épilepsie ou problèmes neurologiques graves. La prévalence globale de survenue chez les nouveau-nés de tous ces problèmes était légèrement inférieure à 9,5 % dans le cadre de cette étude.

Des risques de complications de santé néonatales même pour une à deux cigarettes fumées par jour

Le fait de fumer avant ou au cours de chacun des trois trimestres de la grossesse a été associé à une fréquence accrue de survenue de ces problèmes de santé néonatale majeurs. Ainsi, les nouveau-nés étaient 27 % plus susceptibles d’en souffrir si leur mère avait fumé dans les trois mois avant la grossesse, et 31 % plus susceptibles si elle fumait à une période quelconque de la grossesse.

D’un point de vue analytique, le risque d’admission en soins intensifs néonatals, par exemple, était 24 % plus élevé pour les nouveau-nés dont la mère fumait avant la grossesse, et de 30 à 32 % plus élevé si elle fumait pendant la grossesse, en comparaison avec des nouveau-nés de mères non-fumeuses.

Enfin, le fait de fumer une ou deux cigarettes par jour avant ou pendant la grossesse augmentait le risque de survenue chez les nouveau-nés de l’ensemble de ces problèmes de santé de 16 % ; ce risque était plus élevé de 31 % chez ceux de mères fumant 20 cigarettes ou plus par jour. Par exemple, le risque d’admission en soins intensifs néonatals était de 13 % supérieur pour les nouveau-nés dont les mères fumaient de 1 à 2 cigarettes par jour, et de 29 % pour ceux dont les mères fumaient 20 cigarettes ou plus par jour, en comparaison aux nouveau-nés de mères non-fumeuses.

Les auteurs précisent certaines limites à leur étude. Tout d’abord, le NVSS n’a recueilli des données que concernant les 3 mois précédant la grossesse, ce qui ne permet pas de distinguer les femmes qui n’ont jamais fumé de celles qui avaient arrêté avant cette période. Ensuite, le NVSS VS n’a pas recueilli d’informations sur l’exposition possible des femmes au tabagisme passif, ce qui ne permet pas d’évaluer son rôle éventuel sur la survenue de ces complications néonatales.

Ceux-ci concluent que leurs résultats suggèrent « qu’il n’existe pas de période ou de seuil de consommation de cigarettes sans risque peu avant et pendant la grossesse » et soulignent « que les femmes en âge de se reproduire ne devraient pas fumer ».

En France, l’enquête nationale périnatale 2021, précise que la proportion des femmes déclarant une consommation de tabac au 3e trimestre de grossesse est de 12,2 %, un chiffre certes en baisse, mais qui reste très élevé par rapport au reste de l’Europe où 8,1% des femmes déclarent fumer au 3ème trimestre.

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